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Chroniques
L’elisir d’amore | L’élixir d’amour
opéra de Gaetano Donizetti
C’est avec plaisir que nous retrouvons ce soir la mise en scène rafraîchissante que signait Laurent Pelly, il y a trois ans. Vive et inventive, non seulement aucune ride ne vient la ternir mais encore paraît-elle rajeunie par une foule de détails – sans doute présents depuis ses débuts et qui nous avaient échappés. Je dis bien détails et non gags : la conduite demeure des plus cohérentes, toujours concentrée sur chaque situation. Bref, l’on sourit d’un bout à l’autre de la représentation.
Il est certain que le couple Adina-Nemorino y est pour beaucoup.
Gentiment complices, les artistes dynamisent indiciblement le spectacle. Si Giuseppe Filianoti connaît quelques soucis de stabilité dans le médium de la voix sur les premières scènes, vraisemblablement générés par une respiration momentanément difficile, il regagne rapidement sa superbe, faisant profiter de sa franche clarté de timbre – Una furtiva lagrima d’une saine simplicité – comme d’une présence scénique indubitablement attachante. La belle Adina n’est autre qu’Anna Netrebko, superbe, tout bonnement, même si l’on conviendra que le rôle commence à paraître un peu étroit pour ses moyens. De fait, c’est plus une puccinienne que l’on apprécie : la couleur est ronde, chaleureuse, le grave corsé, musclé et diablement projeté, la phrase toujours intensément expressive, ce qui n’entrave aucunement l’agilité, comme en témoigneront les scènes finales où le chant s’affirme remarquablement souple.
Les trois autres rôles ne sont pas en reste. George Petean livre un Belcore au style irréprochable, légèrement contrarié, toutefois, par une tendance un rien gênante à un portamento affirmé. La prestation de Jaël Azzaretti s’avère honorable en Giannetta, tandis que Paolo Gavanelli campe un Dulcamara redoutablement truculent qu’accusent çà et là quelques encombrements avec la battue. Préparés par Alessandro di Stefano, les artistes du Chœur maison ne déméritent pas, notamment les ensembles féminins de la Scène 4 du II.
Au pupitre, Paolo Arrivabeni joue adroitement l’opposition entre l’inflexion rythmique bouffe et le lyrisme avoué des bois, révélant à plusieurs reprises la tendresse ménagée par l’écriture de Donizetti. On saluera, au passage, les musiciens de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris pour leur réalisation soignée des traits solistiques (flûte, hautbois, violoncelle, entre autres).
BB